Revue Éthique Publique / IDÉA : Lancement du vol. 22, no.1 – Débats publics sur sujets sensibles : risques et défis.
04/01/2021 à 12:00 pm - durée 1H30
Dialogue public sur le thème: « Débats publics sur sujets sensibles : Risques et défis » (Éthique publique, vol 22, no 1, 2020)
Invités:
Dominique Leydet
- Professeure titulaire, département de philosophie, UQÀM et directrice du Centre de recherche interdisciplinaire sur la diversité et la démocratie (CRIDAQ) ; domaines de spécialisation : philosophie politique (théorie de la démocratie, délibération publique et représentation) et philosophie du droit.
Naïma Hamrouni
- Professeure d’éthique et de philosophie politique féministes, Département de philosophie et des arts, Université du Québec à Trois-Rivières
Victor Armony
- Professeur, Département de sociologie, UQAM
Édith Brunette
- Étudiante au doctorat, études politiques, Faculté des sciences sociales, Université d’Ottawa
Francis Garon
- Professeur agrégé, École d’Affaires publiques et internationales, Collège universitaire Glendon, Université York, Politiques publiques et démocratie délibérative
Jonathan Durand Folco
- Professeur adjoint à l’École d’innovation sociale Élisabeth-Bruyère, Université Saint-Paul, Spécialisation en philosophie politique
Ces deux dernières décennies ont été marquées par la multiplication des initiatives de consultations, d’auditions et de forums publics mises en œuvre par des gouvernements des deux côtés de l’Atlantique pour résoudre les problèmes complexes que posent, par exemple, les pratiques d’accommodements religieux, la laïcité de l’État, ou encore, plus récemment, le racisme systémique.
L’une des idées sous-jacentes à ces initiatives est qu’une plus grande participation et implication des citoyens et des citoyennes à ces discussions, débats, délibérations sert des objectifs nobles, aussi bien dans leurs principes que dans leurs effets : dissémination dans toutes les couches de la population d’informations pertinentes à la formation d’une opinion éclairée ; éducation de la population sur des sujets complexes par les avis d’experts et les témoignages des catégories de personnes principalement touchées par les enjeux de la discussion ; transformation des préférences et des idées s’il y a lieu ; maturation et élévation de la réflexion citoyenne ; et enfin, légitimation des décisions politiques qui seront prises en définitive.
Mais est-ce que tous les sujets sans distinction peuvent être débattus publiquement de la même façon? Lorsque le débat public porte sur des « sujets sensibles », soit des sujets qui touchent aux droits ou aux intérêts fondamentaux des minorités, concernent le vivre ensemble ou se trouvent à confronter la majorité nationale à sa propre histoire, cette délibération peut-elle être à la hauteur des idéaux auxquels elle aspire ?
Plusieurs expériences pratiques de débats publics sur des sujets sensibles, qui concernent les vies et les droits de minorités, laissent penser que ces débats sont également susceptibles de cristalliser les divisions en germe au sein de la population, de décomplexer l’expression de diverses formes d’intolérance vis-à-vis de groupes déjà vulnérabilisés et d’envenimer la tonalité générale de l’espace public. On ne peut en effet ignorer les dérives auxquelles ont conduit, sans avoir pu l’anticiper, de grandes consultations publiques qui, précisément, en se voulant démocratiques et dépouillées de toute forme d’élitisme, ont permis à tout un chacun de s’exprimer sans filtre sur des sujets complexes. Or, c’est précisément lorsque les sujets à débat sont des sujets « sensibles », qui divisent la population, que les gouvernements semblent souvent tentés d’organiser ce type de grandes consultations qui mobilisent la participation du grand public. Qui plus est, cette participation du public apparaît souvent comme un des temps forts de tels processus, et peut avoir pour effet d’affecter la tonalité du débat public général. Le débat public sur des sujets sensibles constitue en ce sens un exercice périlleux
La table ronde aura lieu sur Zoom et l’inscription est obligatoire sur le lien suivant : https://bit.ly/2L630w4
Revue éthique publique (vol. 22 no.1)