Leïla Loucif

Université Laval /

Leïla LOUCIF est doctorante en cotutelle internationale de thèse entre l’Université Laval et l’Université de Toulouse 1 Capitole. Passionnée par la question des droits des victimes en droit pénal comparé, elle a rédigé un mémoire de maîtrise entièrement dédié à cette thématique et réalise actuellement une thèse intitulée « La place des victimes de violence conjugale dans le processus de justice pénale – lumière sur la situation des femmes ainées », projet pour lequel elle a obtenu la bourse d’admission au Doctorat de la Chaire Antoine Turmel. En parallèle, elle travaille en tant qu’auxiliaire de recherche et d’enseignement dans plusieurs disciplines du droit, notamment civil et pénal.

Titre : La recherche de la vérité dans la justice pénale, entre objectivation et subjectivation du récit de la victime. Comparaison franco-canadienne.

Résumé :

La recherche de la vérité est une préoccupation essentielle dans les procédures pénales française et canadienne. Cette quête de certitude invite les intervenants des deux systèmes à rationaliser les preuves dans le but de leur donner une plus grande scientificité. Toutefois, cette volonté d’objectivation – qui ne peut être totalement absolue – tend à éclipser la dimension humaine de certains moyens de preuve, comme le témoignage des victimes, en les vidant ainsi d’une partie de leur substance. Cette conceptualisation des éléments probatoires heurte de plein fouet la subjectivité de la parole et des souffrances des victimes, niant ainsi le vécu de certaines d’entre elles pour se contenter d’une dimension particulière de la vérité, celle qui se conforme aux exigences de la justice.

Ce paradigme se trouve toutefois totalement renversé avec le développement, dans chacun des deux systèmes, des nouveaux modèles de justice réparatrice ou restaurative. Ces derniers rompent avec la logique classique institutionnelle en redonnant à la victime une place centrale. Elle peut, dans ce cadre, mettre en avant sa propre réalité, sa propre subjectivité, au profit de la résolution de son conflit.

La présente étude propose de revenir sur la place du récit de la victime dans cette recherche de la vérité. Confrontant le mouvement d’objectivité qui anime le système pénal conventionnel et la primauté donnée à la subjectivité dans les nouvelles formes de justice réparatrice, nous chercherons de mettre en lumière les tensions éthiques, morales et pratiques qui entourent aujourd’hui la prise de parole de la victime dans les systèmes de justice pénale français et canadien.